Forêt
Prises de vue réalisées dans les forêts du Morvan, durant l’été 2025.Ce travail interroge la possibilité d’une pratique photographique fondée sur la cohabitation plutôt que sur la captation. Photographier la forêt ne revient pas ici à en extraire une image, mais à expérimenter une relation : un mode d’attention au vivant qui transforme le geste, le regard et la posture du photographe.
En considérant les arbres comme des sujets plutôt que des objets, il s’agit de déplacer le centre de l’acte perceptif — de passer d’une vision anthropocentrée à une forme de réciprocité perceptive. L’image devient le lieu d’un dialogue, d’une négociation entre la présence du photographe et celle du milieu.
Ce déplacement rejoint certaines pensées contemporaines du vivant (Baptiste Morizot, Vinciane Despret, David Abram) qui invitent à réinventer nos manières d’habiter et de percevoir le monde, en reconnaissant aux non-humains une agentivité propre.
Dans la forêt, les arbres, la lumière, le vent et la densité de l’air participent à la construction de l’image : ils orientent le geste, modifient le rythme, imposent leur temporalité.
La photographie devient alors une pratique d’écoute, une manière d’entrer dans la dynamique du vivant plutôt que de la figer. Elle s’éloigne du regard surplombant pour s’inscrire dans une écologie du regard, où voir devient un acte de relation, une manière d’habiter le monde parmi d’autres vivants.